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Interview

«Pour le Front national, il y a l’Occident chrétien et la barbarie»

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L’historien Nicolas Lebourg analyse la politique étrangère version Marine Le Pen.
Marine Le Pen et Aymeric Chauprade (lunettes) lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 28 mai. (Photo Georges Gobet. AFP)
publié le 19 août 2014 à 19h36

On parle de doctrine Chauprade. Mais elle est sans doute, tout simplement, celle du Front national. Dans un long texte publié sur son site, Realpolitik, et qui a donné lieu à un communiqué du FN, le député européen et géopolitologue Aymeric Chauprade, conseiller de Marine Le Pen sur les questions internationales, développe ce que seraient les fondamentaux de la politique extérieure d'une France frontiste : désignation du fondamentalisme sunnite comme adversaire principal, du Qatar et de l'Arabie Saoudite comme puissances subversives ; substitution de la Russie aux Etats-Unis comme principal partenaire de l'Europe ; principe de non-ingérence ; défense d'Israël et principe de «solidarité civilisationnelle» ; lutte contre un «grand remplacement» cher aux Identitaires et à la sphère de Renaud Camus, qui verrait les «Français de souche» submergés par les masses arabo-musulmanes… Le texte n'est pas passé inaperçu dans les milieux d'extrême droite. L'historien Nicolas Lebourg le replace dans l'évolution idéologique du FN.

Ce manifeste est-il cohérent avec les actes de Marine Le Pen ?

Elle défend une position prorusse et, pour le Proche-Orient, une solution à deux Etats. Le propos sur l’islamisme comme ennemi intérieur et adversaire géopolitique a pour origine la dénonciation de la subversion communiste - intérieure par le PCF, extérieure par l’URSS - transposée à la subversion islamiste - intérieure par l’immigration, extérieure par Téhéran - après la révolution iranienne de 1979.

Le FN a-t-il déjà formulé aussi clairement sa doctrine internationale ?

Jusqu’à la chute du mur de Berlin, le