Secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), depuis fin 2013, Emmanuelle Cosse ouvre ce jeudi à Bordeaux ses premières Journées d’été. Toujours très critique à l’égard du gouvernement, elle revendique toutefois l’appartenance des écologistes à la majorité.
La politique de Manuel Valls n’est selon vous pas la bonne. Pourquoi ?
Il suffit de regarder les indicateurs. Depuis deux ans, le choix d’apporter des liquidités aux entreprises ne produit pas son effet. En revanche, les effets pervers de cette politique arrivent : récession et difficulté à maintenir l’emploi. Manuel Valls essaie de tuer un débat qu’il ne peut pas tuer. L’Etat veut par exemple réaliser 10 milliards d’euros d’économies dans les dotations aux collectivités locales, mais cela aura un effet récessif sur l’activité. La solution ne viendra pas d’une politique d’offre, ni même de relance classique, il faut dépasser ce débat avec une prise en compte de l’épuisement des ressources naturelles. C’est une politique écologique qui massifie les investissements, notamment publics et dans les filières d’avenir, qui nous permettra de créer des emplois durables et non délocalisables. Le défi, c’est de produire des richesses et des emplois sans croissance ou avec une croissance très faible.
Pourquoi l’idée portée par les écologistes selon laquelle le progrès est possible sans croissance n’imprime-t-elle pas ?
Elle est partagée par beaucoup, surtout par des gens de ma génération qui n’ont jamais connu des périodes de très forte croissance. C’est vrai qu’il y a une peur à accepter qu’on puisse bouleverser le dogme de la croissance. Mais je ne crois pas que les résistances soient si fortes dans la société