Le 15 août, Alain Juppé a fêté ses 69 ans. Cinq jours plus tard, le voilà tel un jeune homme candidat à la primaire UMP, c'est-à-dire à la présidentielle, avec sur son blog un texte au titre éloquent : «2017, bientôt…» Sur le fond comme sur la forme, l'ancien Premier ministre y fait étal d'une virtuosité politique et d'une fraîcheur intellectuelle intactes. Près de quarante ans après ses débuts en politique, l'insubmersible Juppé est donc toujours là, avec un énième retour au premier plan. Plus déterminé que jamais à quérir ce graal élyséen dont, chacun à leur manière, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy l'ont privé.
«Jamais mort en politique» : la rengaine est fameuse et le maire de Bordeaux en est l’incarnation ultime. Couturé de condamnations judiciaires, d’échecs politiques et de traversées du désert, Alain Juppé a réussi le tour de force de transformer ses stigmates en talismans qui font aujourd’hui de lui «l’homme politique préféré des Français».
Habité au plus profond de lui-même par le sentiment que l'Elysée lui était dû et - quoi qu'il en dise - rongé par l'amertume de ne pas y avoir été intronisé, l'ancien président du RPR se lance aujourd'hui dans une der des ders inespérée pour lui. Sidérante même si l'on repense à la piteuse dissolution de 1997, son infamante condamnation en 2004 à de la prison avec sursis assortie d'une peine d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, à ses réformes mal ficelées à M