Aurélie Filippetti a préféré prendre les devants. Plutôt que d'être débarquée du gouvernement, comme cela semblait inéluctable, elle a elle-même annoncé son refus d'y participer. Ultime geste de panache, sans grand égard pour l'étiquette de la République, d'une quadra qui s'était battue contre vents et marées pour obtenir ce poste et s'y maintenir. Dans une lettre au Président et au Premier ministre, elle se pose franchement en porte-parole d'«une politique de gauche», dénonçant «le renoncement», qui prend «le tragique contre-pied de tout ce pour quoi nous avons été élus». Elle évoque le «désarroi des électeurs», soulignant son rôle d'élue en Moselle, dans un bassin minier et industriel ruiné. Pour la première fois, après avoir exercé deux ans son portefeuille sans afficher d'état d'âme, elle dénonce «une baisse sans précédent du budget du ministère de la Culture, pourtant symbole de la gauche». Et elle affirme sans ambiguïté son désaccord avec la réforme du régime des intermittents, laquelle «n'était pas conforme aux engagements» du gouvernement.
En réalité, désignée de justesse lors de l’élection de Hollande, déjà menacée lors du précédent remaniement, Filippetti ne pouvait plus compter sur son amitié avec Manuel Valls. Elle avait pourtant survécu à plusieurs couacs. Ses avis variables sur la réforme de l’intermittence et les tergiversations gouvernementales sur le musée Picasso ont fini de la déstabiliser. Le brio, l’én