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Libération
Chronique

Le suicide de la gauche

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publié le 27 août 2014 à 18h06

Depuis le début de la Ve République, la gauche a traversé bien des épreuves, subit bien des défaites, voire des désastres. Elle a commencé par vingt-trois ans d'exil intérieur (1958-1981) avant que, d'alternances en cohabitations, elle connaisse les sorts les plus extrêmes, des victoires hautement symboliques (1981, 1988, 1997, 2012) s'intercalant entre des échecs (1986, 2007) ou des déroutes (1993, 2002). Cette fois-ci, elle roule cependant comme jamais au fond de l'abîme car aux circonstances noires comme un tableau de Soulages s'ajoute une violente décomposition qui tient du suicide collectif.

En 2014, la gauche française est en train de se faire hara-kiri. Elle s’ouvre le ventre comme la gauche allemande dans les années 30. Conjoncture économique anxiogène, situation sociale calamiteuse, élections intermédiaires funèbres, sondages qui résonnent comme le glas, le décor ressemble à un faire-part de décès. Les acteurs sont à l’unisson : les trotskistes sont en guerre contre le gouvernement, le Parti communiste est entré en opposition, les écologistes ont claqué la porte de la majorité, les radicaux de gauche ont des états d’âmes. Pire : au sein même du Parti socialiste, les militants sont effondrés, les électeurs, pleins d’amertume et de ressentiment, se débandent, les frondeurs se transforment en snipers fanatiques. A cela s’ajoute maintenant la crise gouvernementale la plus violente depuis 1976 et la rupture fracassante entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d’E