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«Les deux camps sont l’avers et le revers de la même médaille»

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Michel Onfray. Pour le philosophe, gauche et droite ne se distinguent plus qu’à la marge.
Michel Onfrau en février 2005. (Photo Mychele Daniau. AFP)
publié le 27 août 2014 à 20h06

«La question "ce gouvernement est-il de droite ?" suppose que les concepts de droite et de gauche n’aient pas bougé et qu’on pourrait aujourd’hui en parler avec le logiciel des années Giscard et Mitterrand. Or, ça n’est évidemment pas le cas…

«A l’époque où la gauche n’a pas d’expérience du pouvoir, autrement dit avant mai 1981, la droite est de droite parce qu’elle gouverne, comme si c’était sa nature. Elle en appelle alors au pragmatisme contre l’idéologie pour gérer le capitalisme. De même, la gauche est de gauche parce qu’elle ne dispose que du ministère de la parole et qu’il est facile de promettre le paradis social quand on n’en a pas les clés. Elle revendique, parce que là-aussi il semble que ce soit sa nature. Les premiers gouvernent sans souci des pauvres, les seconds ont le souci des pauvres, mais sans souci de gouverner.

«Une fois l’épreuve du feu gouvernemental passée, la gauche cesse d’être de gauche. Nous sommes en 1983, avec le tournant dit de la rigueur. La gauche gouverne alors comme la droite libérale gouverne quand elle a le pouvoir : avec les yeux de Chimène pour l’Europe qui devient pour la plupart des élites l’équivalent du marxisme dans les années 50 - un horizon prétendument indépassable. Or, en histoire, rien n’est indépassable puisque le propre même de l’histoire c’est que les dépassements en sont le moteur.

«La gauche et la droite de gouvernement ne se distinguent plus qu’à la marge des phénomènes de société : port du voile, mariage homosexuel, homopa