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TRIBUNE

Les trois causes d’une crise de régime

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par Bastien François, Professeur des universités, directeur du département de science politique de la Sorbonne, conseiller régional EE-LV d’Ile-de-France
publié le 31 août 2014 à 18h06

Qu'est-ce qui fait la spécificité historique de Ve République ? La réponse est simple : la discipline majoritaire, la solidarité gouvernementale et la prééminence présidentielle. Comment en est-on arrivé là ? La réponse presque unanime des spécialistes tient dans la combinatoire inédite de l'élection présidentielle au suffrage universel direct, de l'élection des députés au scrutin majoritaire et du droit de dissolution de l'Assemblée nationale appartenant discrétionnairement au président de la République. C'était, nous disait-on jusqu'à très récemment, la martingale parfaite d'un régime démocratique, stable et efficace. Pourtant, c'est à la lente implosion de ce triptyque que nous assistons depuis quelques années, dont le dernier épisode - un ministre à lui tout seul réussit à renverser un gouvernement - accélère le processus.

Que reste-t-il aujourd'hui des fondamentaux de la Ve République ? Sous la Ve République, la majorité parlementaire est gouvernée, pas gouvernante. Aujourd'hui, elle n'est toujours pas gouvernante, mais pas gouvernée non plus. Jamais, depuis 1962, elle n'a fait preuve d'une telle indiscipline, au point que c'est en son sein que le gouvernement trouve son principal adversaire. Sous la Ve République, comme le disait Jean-Pierre Chevènement, «un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne».

Depuis des mois, tout le monde sait que ce