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Libération
TRIBUNE

L’Europe héroïque de BHL

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publié le 2 septembre 2014 à 18h06

L’obsession identitaire : voilà l’ennemie. Au moment où tant d’intellectuels français sont gagnés par la fièvre de l’identité nationale, qui les rapproche, consciemment ou non, du nationalisme lepénisé, BHL s’obstine, droit dans sa chemise blanche, à ferrailler avec rage contre le vertige régressif de «ceux qui sont nés quelque part».

Il a écrit une pièce, Hôtel Europe, créée à Sarajevo, puis à Venise et à Odessa, avant d'être montée à Paris, foisonnant soliloque d'un intellectuel qui pourrait être lui, s'il n'était joué par le bon géant Jacques Weber, éructant et sensible. Weber-BHL a pris une chambre à l'Hôtel Europe, situé justement à Sarajevo, pour rédiger un discours… sur l'Europe. La pièce suit les méandres baroques de l'écriture, sur fond d'espoir crépusculaire et d'enthousiasme déçu pour l'Union.

A cette idée dramatique tenue jusqu'au bout, Lévy a ajouté un essai politico-philosophique qui nous ramène au cœur du débat français. Alain Finkielkraut, talentueux et fébrile, vient d'emporter un succès d'édition en décrivant l'Identité malheureuse, qui caresse tant d'intolérances dans le sens du poil. BHL, son frère ennemi, rétorque en fustigeant l'identité dangereuse, celle qui brandit la manie du Même pour rejeter l'Autre. Son propos n'est pas de «lutter contre Front national», vieil exercice indispensable mais déjà connu, même s'il étrille la famille Le Pen au passage. Il est de nous ramener au cœur philosophique de la réfl