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Libération

Le mythe de la VIe République

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publié le 3 septembre 2014 à 18h06

Le serpent de mer est de retour. Comme toujours lorsque la gauche au pouvoir est en difficulté - jamais elle ne l'a été à ce point sous la Ve République -, le mythe d'une VIe République resurgit : et si les institutions actuelles portaient une part de responsabilité dans les malheurs de la majorité ? Et si l'hégémonie présidentielle rendait le chef de l'Etat dramatiquement sourd aux revendications ou aux propositions des valeureux parlementaires de son bord ? Et si le palais de l'Elysée isolait son hôte, entravait les ministres, ignorait les élus, oubliait les électeurs, négligeait les militants ? Le spectre éternel du pouvoir personnel rôde de nouveau à gauche.

Jean-Luc Mélenchon part donc en croisade pour une VIe République, celle-là même qu'avait naguère dessinée Arnaud Montebourg. On imagine déjà le scénario dévastateur que cela annonce. Les écologistes pestent à haute voix contre une Constitution autoritaire. Les frondeurs tentent de démontrer que les députés doivent peser davantage, ils rêvent même de faire plier le gouvernement et de remettre de force François Hollande sur ce qu'ils estiment être le bon chemin. Tout va mal sur le terrain économique et social, il devient donc urgent pour les partisans d'une VIe République de rouvrir le chantier institutionnel.

Que cela ne soit pas le sujet est pourtant l’évidence. La France ne souffre pas d’un excès de pouvoir présidentiel mais au contraire d’une faiblesse visible de ce pouvoir