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Interview

«De la place Tahrir à Occupy Wall Street, la même aspiration démocratique»

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Loin d’être des utopies, les printemps arabes ou le mouvement des Indignés expriment une réelle appétance pour le politique. Des mobilisations citoyennes à prendre au sérieux, selon les chercheurs Albert Ogien et Sandra Laugier.
publié le 5 septembre 2014 à 17h16

De Kiev, cet hiver, aux révolutions arabes en 2011, en passant par les Indignés à Madrid ou le mouvement Occupy Wall Street à New York, la rue est-elle devenue une contre-arène politique alors que les électeurs désertent de plus en plus l'exercice électoral et restent perplexes devant les actuels jeux du pouvoir ? Pour la philosophe Sandra Laugier, professeure à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, membre de la direction scientifique du CNRS (1) et le sociologue Albert Ogien, directeur de recherche au CNRS, de nouvelles pratiques ont vu le jour dans ces mobilisations, en dehors du cadre classique des partis. Dans le Principe démocratie (2), qu'ils viennent de publier, ils essaient de rendre légitimes ces tentatives de rénovation démocratique. Ces mouvements contredisent les discours déclinistes sur une dépolitisation généralisée.

N’est-il pas audacieux de regrouper sous une même bannière les mouvements de la place Tahrir ou Occupy Wall Street ?

Bien sûr, cela peut sembler improbable ou même inadmissible, tant les situations politiques sont dissemblables. Mais les rassemblements et occupations de places, comme à la Puerta del Sol à Madrid ou à New York, se sont eux-mêmes placés dans la continuité des révoltes arabes. C’est en écoutant l’affirmation de ce lien que nous avons engagé notre recherche. Que ce soit en régime démocratique ou autoritaire, nous avons retrouvé une même revendication, un air de famille.

La vague mondiale de 2011 nous est apparue comme symptôme d’un changement du rapport des citoyens au politique, qui se manifeste dans la contestation d’un ordre tenu pour ina