On est tous d'accord, Merci pour ce moment, livre de colère, missile à longue portée contre Hollande déjà titubant sur son piédestal, n'aurait pas dû être publié tant qu'il est président de la République. Après, c'est le droit à la liberté d'expression, et Valérie Trierweiler a la prudence de ne révéler aucun secret d'Etat, seulement des secrets d'alcôve. Mais faut-il, comme l'écrit Alain Finkielkraut dans Libération (1), se glissant le temps d'une tribune dans les pompes de François Hollande, dire : «Ce livre est un crime contre l'individu que je suis et contre la République que je représente.» Un crime ? Alors, chers amis intellectuels, chers ténors de gauche et de droite, tous «outrés» en chœur par ce livre «criminel», depuis quand parle-t-on d'un livre sans le lire ? Une exception joyeuse, Cohn-Bendit qui, après avoir parlé du «suicide moral de Valérie Trierweiler», ose : «Oui, bien sûr, je vais l'acheter, je suis un voyeur normal qui aime les ragots.»
Dans l'ensemble, l'élite de notre pays ne tournera pas les pages «dégoûtantes», ce qui ne l'empêchera pas de mettre à mort - sur un bûcher virtuel, on est moderne - la sorcière aux talons aiguilles. Ces nouveaux indignés devraient lire Merci pour ce moment. Moi, je l'ai lu, nous avons pris l'habitude