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Libération
TRIBUNE

La nullité française

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par René Lévy, Philosophe, directeur de l’Institut d’études lévinassiennes (IEL)
publié le 15 septembre 2014 à 17h06

«Haro sur le baudet !» De partout, la France presque entière crie. La France, sauf quelques irréductibles, peste contre son président que la crise accable. Même la presse de gauche, qui acclamait hier l’être normal pour mieux fustiger Sarkozy, l’être pathologique, s’acharne après lui. Qu’a-t-il donc fait ? Jusqu’à la favorite éconduite (dont les ambitions saignent abondamment) qui se répand dans un livre «opportun», pour dire la laideur sournoise de son ancien amant.

Qu'a-t-il donc fait ? Que n'a-t-il donc pas fait ? Quelle injuste clameur ! Non certes que François Hollande n'ait mérité ce dont on l'accuse ; «il est nul» ; mais parce que la France, presque entière, n'est pas digne de l'accuser. Il n'a guère changé. Il est aujourd'hui tel qu'il était hier. Il n'a trompé personne. Ou plutôt si : il s'est montré meilleur qu'il ne le laissait présager, plus fort, plus hardi, notamment en politique étrangère. On rétorquera qu'il n'a pas tenu ses promesses ; mais quel président les tient. Ne pas être tenu par des promesses est le fait du Prince. Non, François Hollande n'a trompé personne sur sa personne. «Il est nul», d'être et d'apparence, comme au premier jour. Pourquoi donc une majorité de Français l'a-t-il élu ? Pour quelques-uns, par détestation de Sarkozy, dont la fausse grandeur confinait à l'arrogance de paltoquet ; ceux-là s'en mordent les doigts. Pour les autres, les plus nombreux, c'est parce qu'il était à leur image ; nul comme eux mais, le jour de gloire étant