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Libération
TRIBUNE

Les dérèglements de la société politique

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par Jean-Jacques Urvoas, SDéputé (PS) du Finistère, président de la commission des lois de l’Assemblée
publié le 15 septembre 2014 à 17h06

Les bourrasques se succèdent et il n'en faut pas plus aux esprits hâtifs pour relancer hypocritement l'idée que nous serions confrontés à une «crise de régime», entraînant l'impossibilité pour le chef de l'Etat d'agir, voire lui imposant de partir. Pour d'autres, persuadés que l'accumulation de nuages conduit à la tempête, le gouvernement serait inéluctablement privé de toute capacité de rebond. Et tous prononcent une sentence tonitruante destinée à masquer leurs arrière-pensées : l'archaïsme de nos institutions serait à l'origine de tous nos maux, et il conviendrait alors, et au plus tôt, de s'en débarrasser. Ces discours sonnent tel un aveu. A droite, les thuriféraires de la Constitution de 1958, qui savent pertinemment qu'elle permet à François Hollande d'exercer le pouvoir conformément au mandat confié en 2012, en renient l'esprit en appelant à la précipitation des échéances électorales. A gauche, ses contempteurs espèrent trouver dans les secousses actuelles un nouveau motif justifiant sa mise à bas. Leur agacement impatient est compréhensible. En dépit de ses 56 ans, un âge constitutionnel avancé au regard de notre histoire, la Ve République a surmonté tous les obstacles et survécu aux circonstances les plus variées. Leur contrariété s'entend car notre Loi fondamentale garantit imperturbablement la stabilité de l'exécutif et préserve la capacité législative de sa majorité. D'ailleurs, tous les textes sont adoptés sans véritable difficulté. On peut certes reg