«Pour des chercheurs soucieux d’analyses contextualisées et de nuances, l’essai de Christophe Guilluy, dont nous avons lu des extraits, ne présente guère d’intérêt, mais il nous paraît nécessaire de le discuter parce qu’il produit des représentations sur des sujets sensibles. Son écriture est notamment fondée sur des exemples qui semblent, au premier abord, faire sens pour le lecteur. Or, comme le rappelait Pierre Bourdieu, le travail des sciences sociales consiste à tenter de rompre avec ce sens commun. Comme Guilluy, nous partageons l’idée selon laquelle la mondialisation économique transforme la géographie des inégalités sociales françaises. Au-delà de ce constat, deux carences du livre nous apparaissent. D’abord, il s’appuie sur des catégories sociologiques et géographiques grossières. Ensuite, il repose sur une base empirique qui semble faible.
«Les populations des banlieues tireraient ainsi profit de la mondialisation parce qu'elles vivent à proximité des grandes métropoles, mais qui peut croire que les ouvriers de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois bénéficieront du "dynamisme du marché de l'emploi métropolitain et [des] politiques publiques" ?
«Quand Guilluy parle de la «France périphérique», qui regrouperait les espaces périurbains et les mondes ruraux, même constat : son découpage amalgame des catégories sociales qui, à Fréjus, en Bretagne ou dans l'Oise, sont loin d'être confrontées aux mêmes réalités sociales. Les habitants de ces territoires, "d'o