Faut-il fact-checker les journalistes? Depuis six ans, la pratique du fact-checking (vérification des faits) s’est développée dans les médias français. On vérifie au quotidien les paroles du personnel politique. Dans les journaux papier, sur le Web, sur Twitter, à la télé, à la radio. Avec une limite : la vérification se borne la plupart du temps aux élus, elle s’aventure parfois à titiller d’autres acteurs du débat public (syndicalistes, patrons, chefs d’entreprise)… mais épargne les journalistes. Jamais les interviewers -pas plus que les éditorialistes ou les commentateurs- n’entrent dans le radar (1).
La frontière n'est pas si nette ailleurs. Aux Etats-Unis, Politifact, un des acteurs majeurs du fact-checking, a lancé une extension de son site Punditfact, qui épingle les éditorialistes. Outre-Manche, le site indépendant Full Fact passe au crible les assertions et chiffres des élus… comme des médias, du Sun à la BBC. Rien de tel en France, donc, où les cellules de fact-checking en restent pour l'heure à une confraternelle pudeur.
Au fond, il est difficile de justifier cette digue. Invoquer un devoir de courtoisie vis-à-vis des confrères n'y suffirait pas. Pourquoi reprendre Jean-François Copé quand il affirme que