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Interview

Eric Charmes : «Les zones de pauvreté existent aussi au sein des métropoles»

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Pour Eric Charmes, la France périphérique n’est pas qu’une zone de relégation.
publié le 16 septembre 2014 à 20h06

Chercheur en sciences sociales appliquées à l’urbain, Eric Charmes travaille notamment sur le périurbain. Directeur du laboratoire de Recherches interdisciplinaires Ville Espace Société à l’université de Lyon, il montre les apports du travail de Christophe Guilluy tout en soulignant ses limites.

Partagez-vous la vision de Christophe Guilluy d’une France coupée en deux ?

Il est vrai que le territoire français a évolué et que les situations sont très différentes si l’on se trouve dans une grande métropole ou hors de leur aire d’influence. Les évolutions du marché de l’immobilier valident l’hypothèse d’une France à deux vitesses. En cela, son analyse a une certaine pertinence, mais si on regarde la situation dans les détails, elle apparaît plus nuancée. Dans la Drôme ou l’Ardèche, des populations font le choix d’habiter ces territoires «périphériques». Des néoruraux viennent chercher d’autres modes de vie et ils redynamisent ces zones. Ils vivent avec des revenus moindres par rapport à ceux des métropoles mais ils ne sont en rien relégués. Il est donc difficile d’opposer une France malheureuse, celle des périphéries, comme s’il n’y avait pas de vie possible en dehors des grandes métropoles, et une France heureuse, qui profiterait de leurs ressources. Par ailleurs, au sein des métropoles, les zones de pauvreté existent. Christophe Guilluy le reconnaît d’ailleurs.

Entre ces deux France, il parle de séparatisme culturel…

C'est tout le problème du positionnement politique de Guilluy qui semble pointer davantage les oppositions culturelles plutôt que celles qui peuvent exister dans un système économique de plus en