«En Europe, la gauche de gouvernement est désespérément en quête de nouveaux leaders et de nouveaux modèles pour l’inspirer. Les Français ont en réalité élu Hollande plus par détestation de Nicolas que parce qu’ils aimaient François.
«Sans croissance économique, la gauche de gouvernement s'étiole. Une politique de redistribution ne fonctionne que s'il y a quelque chose à redistribuer. La France donne l'impression d'être un ancien régime voué à la préservation d'intérêts corporatistes et individuels : des syndicats et un patronat rejetant les compromis nécessaires à la négociation sociale, des pilotes qui veulent laisser Easyjet et Ryanair transporter tout le monde en France, des pharmacies qui vendent 20 aspirines pour 5,5 euros comparés à 0,99 dollar [0,75 euro] les 100 à New York, et des notaires qui vivent comme au XIXe siècle.
«La gauche européenne ne se faisait guère d'illusion sur la capacité d'un Parti socialiste français, qui n'a pas fait son aggiornamento, d'envoyer des signaux d'un changement radical vers plus de maturité. On en est réduit à un "en attendant Manuel [Valls, comme on attend Godot, ndlr]".
«Pour reprendre André Gide, l'idéal serait de pouvoir dire à propos de François Hollande "que mieux vaut être haï pour ce que l'on est qu'aimé pour ce que l'on n'est pas". François Hollande est un homme respectable qui veut aimer et être aimé. Mais un président socialiste en France doit être haï pour avoir pris les décisions brutales permet