Professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Orléans, Jean Garrigues est notamment l'auteur du livre les Hommes providentiels : histoire d'une fascination française (Seuil, 2012).
Comment avez-vous trouvé la lettre de retour de Nicolas Sarkozy publiée vendredi sur Facebook ?
Il s’inscrit dans la mythologie de l’homme providentiel, se posant en sauveur comme il l’avait déjà fait en 2007. Mais ce qu’il entreprend aujourd’hui est rare dans l’histoire. En France, il y a eu Bonaparte et de Gaulle par deux fois, et puis c’est tout. Cela me paraît évidemment beaucoup plus difficile dans la société et la vie politique d’aujourd’hui, a fortiori avec la personnalité de Nicolas Sarkozy.
Quels sont les fondamentaux de l’homme providentiel ?
Il y a d'abord l'écoute des Français, car l'homme providentiel se situe toujours du point de vue des petits : Nicolas Sarkozy écrit ainsi avoir dialogué avec eux et affirme revenir par devoir pour répondre à leur «désarroi», à leur «colère». Il y a également l'idée que le temps presse et qu'il faut absolument que quelqu'un se lève. Ce tempo de l'urgence est très important, car il vise à légitimer une intervention extraordinaire et parfois autoritaire.
En faisant du contrôle du parti le point de départ de sa reconquête, Sarkozy est plus chiraquien que gaullien…
C’est vrai qu’habituellement celui qui entend créer un rassemblement transpartisan n’est pas lui-même un homme de parti. Pour Nicolas Sarkozy, aspirant homme providentiel, il y a une contradiction à vouloir être élu par les adhérents de l’UMP, cette simple fraction d’un camp.
Le vrai enjeu n’est-il pas la primaire pour 2017 ? Alors que Sarkozy n’en veut pas, Alain Juppé a redit dimanche sa détermination totale à