Membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et député UMP de Paris, Pierre Lellouche a été secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes.
L’intervention militaire française contre l’Etat islamique est-elle justifiée ?
C’est une vraie guerre. Et il est difficile pour un responsable politique d’expliquer aux Français qu’on a changé de monde sans les paniquer. Nos compatriotes doivent s’attendre à ce que des gens tentent de faire exploser des bombes sur notre sol.
Cette guerre sera longue. Nous assistons à l’explosion, au Moyen-Orient, des frontières issues de la Première Guerre mondiale : hier le Liban, aujourd’hui l’Irak et la Syrie, demain peut-être la Jordanie ou l’Arabie Saoudite. Le but des islamistes est de redessiner la carte du Moyen-Orient. Et cela a des conséquences en Europe.
La France intervient en Irak, pas en Syrie. Comprenez-vous ce choix ?
Nous participerons à l’union nationale mais posons plusieurs questions à la majorité. Quel est le but de guerre ? Quel est le coût de cette intervention ? Nous explosons déjà les budgets prévus pour les opérations extérieures… Quelle est notre autonomie de décision par rapport aux Etats-Unis ? Il est très compliqué d’expliquer que l’on va s’arrêter à la frontière syrienne. Nous l’avions dit à François Hollande il y a un an : une solution en Syrie passait par un accord avec la Russie et avec l’Iran.
Pourquoi est-ce si compliqué d’expliquer la situation aux Français ?
Des Etats s’effondrent. Les puissances extérieures ont perdu beaucoup de leur autorité dans la région. Et c’est aussi compliqué car le vivier de recrutement de l’Etat islamique se trouve également chez nous ! Il y a 10 000 étrangers - dont 1 000 Fran