«Comment avez-vous eu mon nom ? Et mon numéro de téléphone ?» Hier, Alain Tchertchian, patron d'un magasin de presse à Marseille, faisait un peu la grimace au bout du fil. Dimanche, Alain Tchertchian a voté pour la liste du FN Stéphane Ravier, permettant à ce dernier de rentrer au Sénat. Mais voilà, il aurait autant aimé que cela ne se sache pas trop. C'est un des aspects baroques des élections sénatoriales.
Outre les grands électeurs élus (qui sont à 90% des conseillers municipaux), le collège électoral se compose aussi de délégués supplémentaires, des non-élus, issus de la société civile, désignés par les partis. La loi précise que dans les villes de plus de 30 000 habitants, les conseils municipaux élisent des délégués supplémentaires à raison de 1 pour 800 habitants. Il s’agit d’une correction du collège électoral permettant une plus juste représentation des grandes villes dans le scrutin sénatorial.
Au niveau national, le nombre de ces électeurs atteint 8% (12 569 sur 158 000). Mais ce pourcentage varie considérablement selon les départements, et augmente donc dans ceux qui abritent une grande ville. Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône, le nombre de délégués supplémentaires représentait dimanche un gros tiers du total de l’ensemble des électeurs (plus de 1 200 sur 3 500). Et à Marseille, plus de 90% des électeurs étaient donc issus de la société civile.
Qui sont-ils ? «Ce sont des sympathisants, des proches, des gens de confiance pas forcément encartés, sur lesqu