Joël Gombin est un spécialiste du vote Front national et de ses ressorts, notamment en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Doctorant en sciences politiques, il est rattaché à l’université de Picardie.
L’élection de deux sénateurs Front national, est-ce une surprise ?
On s'attendait plutôt à un seul sénateur. L'élection de Stéphane Ravier [à Marseille, ndlr] n'est pas vraiment surprenante. Dans son département, il lui manquait une centaine de voix environ pour se qualifier. Dans le Var, c'est un peu différent : David Rachline a presque doublé le nombre de grands électeurs pour obtenir son siège. Dans les deux cas, le volant de grands électeurs dont on ne connaît pas l'étiquette politique - c'est-à-dire, pour l'essentiel, des maires de communes de moins de 1 000 habitants - était faible : une douzaine dans les Bouches-du-Rhône, moins d'une cinquantaine dans le Var.
Ces deux élus sont du Sud de la France… Y a-t-il davantage de porosité, notamment entre droite et FN ?
C’est la partie du pays où le poids des grands électeurs était le plus important. Il y a donc une logique. A mon sens, dans le Midi méditerranéen, travaillé de longue date par le FN et où de nombreux élus UMP adhèrent à la stratégie de «droitisation», la dynamique de «fusion à la base» des droites touche aussi le personnel politique de proximité. Ce qu’on observe depuis déjà quelques années, avec les mouvements de va-et-vient et les connivences qui peuvent parfois s’établir entre la droite classique et l’extrême droite : le FN mais également la Ligue du Sud dans le Vaucluse.
Comment analyser ces résultats ?
Depuis 2011, il y a une dynamique à l’œuvre. Même s’il faut tenir compte des spécificités de ce scrutin