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TRIBUNE

La France périphérique, c’est où ?

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par Béatrice Giblin, Géographe, Institut français de géopolitique, université Paris-8 et directrice de la revue Hérodote (n°154 : «France, pouvoirs et territoires»)
publié le 2 octobre 2014 à 18h16

Certains géographes ont vu dans les bons scores du FN dans la grande banlieue ce qu’ils appellent aussi le périurbain et leur faiblesse dans les centres-villes une corrélation entre éloignement du centre et montée du FN, une sorte de «loi» spatiale. Mais il est toujours risqué de chercher des constances spatiales dans les comportements électoraux, même si les cartes semblent révéler des évidences incontestables. Le score du FN peut être très faible dans des communes périurbaines et inversement très élevé au cœur de Marseille. C’est donc que les raisons de ce vote sont plus complexes que le seul éloignement du centre. Et surtout que le «périurbain» recouvre des situations très diverses. Pour faire simple, c’est ce qui, au-delà de la banlieue dense des grandes agglomérations, correspond au front d’urbanisation qui avance sur les espaces agricoles. Ce front avance de façon discontinue, puisque les lotissements récents de maisons individuelles sont implantés là où les municipalités l’ont décidé. La cartographie du périurbain à l’échelle nationale est donc impossible car elle ne peut être réalisée qu’à l’échelle locale afin de le localiser précisément. Autrement on lui donne une importance spatiale qu’il n’a pas.

Pour ces nouveaux habitants, appelés parfois les rurbains, l’environnement est campagnard mais on sait que leur mode de vie ne l’est pas puisqu’ils travaillent en milieu urbain. Or, l’achat d’une maison dans un lotissement sur le plateau picard n’a pas le même prix ni le