Pour une ancienne génération, il fut une figure. L'incarnation de la politique à la télévision, au temps de Marchais et Giscard d'Estaing. Il est aujourd'hui une voix et une plume (notamment à Libération), le chroniqueur d'un débat public qu'il suit depuis plus d'un demi-siècle avec une attention jamais prise en défaut et une gourmandise inaltérable. Mais Alain Duhamel n'est pas qu'un journaliste savant, parfois irritant, le chantre de l'Europe et le pourfendeur de la démocratie d'opinion si chère à Ségolène Royal. L'éditorialiste multimédia - qui use avec méfiance des outils numériques - est aussi un historien de la vie politique française. L'ouvrage qu'il publie en est l'illustration. Car plus qu'une kyrielle de souvenirs personnels, c'est une lecture singulière de la Ve République que propose Duhamel, fasciné par de Gaulle mais dont le maître à penser n'a jamais cessé d'être Pierre Mendès France. Une époque dont il regrette qu'elle marque le délitement de la passion des Français pour la politique et où il se désole de constater que nul en France, n'a réellement compris l'ampleur et la profondeur de la crise économique. Au fil du livre, c'est presque toutes les personnalités politiques de la Ve République qui sont passées en revue. Point de secrets d'alcôves, de «off» brisés. L'auteur est trop respectueux des codes et des règles tacites qui régissent la vie politique. Mais la narration minutieuse de l'évolution du débat et des portraits préci
Critique
Alain Duhamel, s’il n’en reste qu’un…
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par Eric Decouty
publié le 5 octobre 2014 à 17h36
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