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TRIBUNE

La parité en politique, une révolution conservatrice

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par Catherine Achin, Professeure de science politique, université Paris-Dauphine, Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (Irisso) et Sandrine Lévêque, Enseignante- chercheure en science politique, université Paris-I Sorbonne
publié le 5 octobre 2014 à 17h36
Le Sénat vient de se renouveler pour moitié. Outre la victoire de la droite, ce qui retient l’attention, c’est la résistance de la Chambre haute à la parité. Le palais du Luxembourg compte désormais 87 sénatrices, soit 25% de ses membres et un taux de féminisation qui progresse de moins de 3%.

Depuis les modifications constitutionnelles de 1999 et 2008 qui les ont rendus possibles, les dispositifs qui favorisent l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités n’ont pourtant cessé d’être renforcés. De plus en plus contraignantes, les mesures de la première loi, dite loi sur la parité en politique, du 6 juin 2000 ont aussi été étendues à d’autres secteurs de la vie sociale et professionnelle, comme les conseils d’administration des grandes entreprises ou les conseils de surveillance et les jurys de sélection des établissements publics administratifs. Cette emprise durcie et élargie de la contrainte paritaire semble acceptée par tous et ces mesures n’ont pas suscité de controverses particulières dans l’espace public. Certaines assemblées sont presque parfaitement mixtes d’un point de vue sexué. La parité fait ainsi l’objet d’une forme de consensus, du moins dans son principe et dans son application. Alors que c’était l’un des arguments déployés dans les années 2000 pour contester l’obligation paritaire, presque aucun faiseur de liste ne se plaint plus des difficultés à trouver des femmes qui acceptent d’être candidates. Tout se passe comme si les acteurs et actrices politiques «connaissaient la chanson» et savaient s’accommoder de ce nouvel air.

Ce chœur harmonieux est d’autant plus intriguant qu’en réalité de nombreux interstices de l’espace politique résistent à la féminisation. Il n’y a pas que des chansons d’amour : plusieurs mécanismes éclairent les log