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Libération
chronique

Eric Zemmour, un ultra au XXIe siècle

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publié le 8 octobre 2014 à 19h56

Dans les périodes de grandes crises - celle que nous traversons étant la pire depuis l'Occupation - des voix s'élèvent toujours pour tempêter contre le monde moderne, maudire les élites forcément coupables, partir en guerre contre les turpitudes de la nouvelle société et dénoncer les périls mortels qu'annoncent les minorités. Ce sont les ultras, comme on les appelle depuis la première Restauration. Chaque crise a produit les siens. Eric Zemmour incarne mieux que quiconque cette figure du journaliste essayiste, farouchement engagé aux confins de la droite extrême et de l'extrême droite. Dans le champ médiatique, il rayonne et règne sur le camp de ceux qui abhorrent le XXIe siècle, fustigent le cosmopolitisme, vouent aux gémonies la mondialisation, l'Europe, la social-démocratie, les modérés, la concurrence et, par-dessus tout, les musulmans. Ce sont au sens littéral des nationalistes réactionnaires et populistes rêvant du monde d'avant-hier, détestant l'univers contemporain, l'identifiant systématiquement aux blessures, souffrances et stigmates de la crise. Dans la France d'aujourd'hui, Eric Zemmour représente ce que furent un Jacques Bainville ou un Pierre Gaxotte dans la France d'avant-guerre. Il est le plus brillant, le plus cultivé, le plus agaçant, le plus influent des ultras de 2014.

S'il fallait s'en convaincre, il suffirait de lire son nouveau livre le Suicide français (Albin Michel). Celui-ci pourrait être sous-titré «bréviaire de l'ultracisme cont