Nationalisme, xénophobie, homophobie, Philippe Corcuff, maître de conférences en sciences politiques à l'IEP de Lyon, lève le couvercle de ce qu'il appelle les «marmites peu ragoûtantes d'une mangeaille idéologique néoconservatrice». Dans son livre Les années 30 reviennent et la gauche est dans le brouillard (ed. Textuel, 2014), il dresse un panorama des figures de cette mouvance néoconservatrice et démonte les pièges idéologiques alimentés par les Zemmour et autre Soral.
Le succès de Zemmour en librairie est-il un symptôme de la droitisation de la société ?
J’y vois plutôt une machinerie éditoriale qui fonctionne. Le problème, c’est qu’elle sert de plus en plus de boussole. Certes, il y a des aspirations conservatrices dans une partie de la société mais, à mon avis, ce succès ne signifie pas que la société se droitise. Ce chiffre est relativement faible par rapport aux 66 millions de Français. Ce que j’observe, c’est plutôt une extrême-droitisation politique et idéologique d’une partie de nos élites. Et Eric Zemmour, mais il n’est pas le seul, alimente un terreau culturel néoconservateur qui favorise le FN.
Ce qui réunit les diverses figures de cette mouvance néoconservatrice (Zemmour, Alain Soral, Elisabeth Lévy…), n’est-ce pas le goût du politiquement incorrect ?
Ce sont tous des «non-conformistes» à la manière des années 30, orientés par leur ego et leurs obsessions. Alain Soral est animé par un antisémitisme obsessionnel.