«Il n'y a que moi qui sais ce que je pense.» C'était il y a un mois à Lomme. Martine Aubry débarque dans cette ville de la banlieue de Lille pour participer aux états généraux de la fédération PS du Nord. Les journalistes l'interpellent alors qu'approche le deuxième vote de confiance demandé par Manuel Valls, l'ex-patronne des socialistes répond sans se faire prier et apporte un soutien implicite aux députés «frondeurs»… Mais tout le monde - élus et militants - se demande ce que cherche la finaliste de la primaire de 2011. «Vous l'avez vue faire le tour des tables militantes ?» interroge un responsable socialiste présent. Non. Il ajoute : «L'attente est là, après il s'agit d'en faire quelque chose…»
Au moins, Aubry parle. Après un début de quinquennat dans le silence, la voilà qui multiplie les critiques contre des pans entiers de l'action du gouvernement. Elle a commencé par une conférence de presse en juillet pour dire tout le mal qu'elle pense de la nouvelle carte territoriale. Elle a continué en août, en refusant la remise en cause de l'encadrement des loyers, puis plus récemment en mettant en garde l'exécutif contre la menace d'une «catastrophe sociale cet hiver» pour cause de baisse des dotations de l'Etat aux collectivités. Désormais, jugeant que la politique menée par le duo Hollande-Valls «n'est pas celle qui peut nous faire sortir de la crise», elle prône une «inflexion majeure».
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