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TRIBUNE

Universalité des allocations familiales et paradoxe de la redistribution

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par Guillaume Allègre, Economiste OFCE - Sciences-Po
publié le 13 octobre 2014 à 17h06

Certains députés PS veulent rouvrir le débat de la mise sous condition de ressources des allocations familiales. S'ils avancent dans cette direction, la gauche aura répondu au «ras-le-bol fiscal» des classes moyennes en finançant la baisse de l'impôt sur le revenu des petites classes moyennes par la réduction des allocations versées aux classes moyennes plus aisées. A première vue, la manœuvre est habile : elle est redistributive et elle permet de démontrer, à ceux qui ont un sentiment anti-impôts, que les impôts ne tombent pas dans une boîte noire mais qu'ils servent bien à financer des prestations.

Malheureusement, in fine cette manœuvre accentuerait probablement le sentiment anti-impôts. En effet, on se retrouverait dans une situation avec d'une part des foyers qui payent l'impôt sur le revenu mais ne bénéficient pas des allocations familiales, et d'autre part des foyers qui reçoivent des allocations familiales mais ne paient pas d'impôt sur le revenu. Dans ces conditions, les allocations familiales ne seront plus réellement soutenues par les classes moyennes aisées. Or, il n'aura échappé à personne que les personnes et associations qui défendent actuellement la politique familiale ne sont pas toutes issues des classes populaires. Sans soutien des classes moyennes, les prestations familiales risquent d'être rognées peu à peu, avant de disparaître. C'est une illustrati