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Libération

La rengaine de la VIe République

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publié le 15 octobre 2014 à 17h06

La courbe du chômage refuse de s’inverser, la croissance demeure obstinément plate, le sentiment de précarité et la peur du déclassement s’enracinent, l’anxiété et le ressentiment irradient toute la société. Pour plusieurs personnages politiques d’importance, il devient donc urgent… de changer les institutions. Quel rapport entre les malheurs français actuels et la Constitution ? Aucun. C’est, en revanche, une tradition bien établie de notre histoire politique : lorsque le pays doit faire face à un problème aigu qu’il paraît incapable de résoudre, il se trouve toujours des esprits inspirés pour recommander de changer le plus vite possible de régime. C’est ainsi qu’en deux siècles la France a empilé quinze Constitutions, absurde record du monde démocratique.

Comme aujourd'hui que le pessimisme règne et que le déclinisme imprègne le climat, la réforme constitutionnelle, voire le changement de République, sont donc subitement inscrits à l'ordre du jour. Ainsi, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et à ce titre quatrième personnage de l'Etat, plaide-t-il soudain pour une République à l'américaine : plus de Premier ministre (poste qu'il guigne pourtant ouvertement), plus de responsabilité gouvernementale devant le Parlement, plus de droit de dissolution présidentielle, un pouvoir exécutif qui demeure fort, un pouvoir parlementaire accru, c'est Washington à Paris, comme si la France était un pays fédéral. A l'opposé, Jean-Luc Mélenchon, ayant complètement échoué à f