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Interview

Alex Williams et Nick Srnicek: «Nous avons perdu le fil du futur»

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Alex Williams et Nick Srnicek rêvent d’un post-capitalisme boosté aux technologies. Auteurs d’un manifeste, ces théoriciens de l’accélération pressent la gauche, paralysée par la nostalgie, de s’activer à l’avènement de cette nouvelle modernité.
publié le 17 octobre 2014 à 17h06

Prôner l'accélération à une époque où tout le monde est au bord du burn-out peut sembler une folie. C'est pourtant l'objectif du manifeste accélérationiste d'Alex Williams et Nick Srnicek, une «hérésie» politique, esthétique et philosophique, aux accents prométhéens, qui s'appuie sur les technologies pour reconquérir le futur, délaissé par une gauche nostalgique. D'après ces théoriciens politiques, le seul moyen de sortir de l'état de stase du capitalisme n'est pas de protester, mais d'accélérer et d'exacerber ses tendances à l'abstraction. Paru en mai 2013, le texte a généré hostilités et ferveur, et alimenté d'énergiques débats en ligne. Il vient d'être traduit en français dans le numéro que lui consacre ce mois-ci la revue Multitudes (1), qui organisera un débat avec les auteurs le 1er décembre au centre Pompidou, à Paris.

Pourquoi cette urgence d’écrire un manifeste ?

Le manifeste est une expression du besoin de repenser les politiques de gauche après la crise de 2008 et l’incapacité de la gauche à générer des idées et actions nouvelles et efficaces. Prendre en compte les échecs d’Occupy et des mouvements basés sur des principes similaires est une tâche primordiale pour la gauche. Pourquoi ces mouvements antiglobalisation - le printemps arabe, l’hacktivisme… - ont-ils échoué à transformer nos sociétés ? Qu’est-ce qu’on peut faire et qu’est-ce que