Un ex-ministre qui s'abstient et dépeint une République menacée par les choix économiques du gouvernement. D'anciens collègues qui l'admonestent en public. Un Premier ministre qui dénonce une «gauche passéiste» avant d'être gentiment moqué par son président… La famille socialiste excellait déjà depuis des mois dans l'art du déchirement. Mercredi, elle a atteint en la matière une forme d'apothéose.
Mardi, l'abstention de 39 députés dits «frondeurs» lors du vote de la partie recettes du budget 2015 avait donné le ton, fracturant un peu plus le groupe socialiste. La présence, parmi eux de Benoît Hamon et d'Aurélie Filippetti, les deux ministres rebelles débarqués fin août du gouvernement par Manuel Valls au prix d'une «clarification», constituait la nouveauté. Mercredi matin, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, les a accusés de jouer contre leur camp alors qu'ils avaient accepté les arbitrages budgétaires du temps où ils étaient ministres… pour les contester une fois sortis.
Quelques minutes plus tard, sur RFI, Benoît Hamon ouvre le bal. La politique économique menée par François Hollande et Manuel Valls «menace la République». L'allumette est craquée. «Qu'il quitte le Parti socialiste», réplique le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, sur RMC juste après, qualifiant l'abstention de Hamon d'un «manquement au devoir». «Incompréhensible. C'est un contresens. La gauche ne menace jamais la République», tacle