On a connu Matthias Fekl tout petit, et, à l’époque, personne ne savait prononcer son nom («Fékelle», en fait). C’était en 2012, il était candidat socialiste aux législatives, dans le Lot-et-Garonne. Il avait 34 ans, et semblait déjà prometteur. Le 4 septembre, il a été nommé au gouvernement pour remplacer Thomas Thévenoud démissionné de son poste de secrétaire d’Etat au commerce extérieur. Les Français ont appris à prononcer son nom d’origine germanique sans accrocs. Ses proches jurent qu’il n’a pas changé. Matthias Fekl demeure un amoureux des lettres, curieux, gourmand de bons romans comme de bons plats, passionné par la politique, domaine qu’il porte plus haut que la moyenne de ses compatriotes.
Tête bien faite de la génération Macron, il a d'abord l'air très sérieux. Il ne s'autorise pas tout de suite à être drôle. «Au départ, on n'a pas l'impression qu'il a cette pointe d'humour», confirme le député PS du Nord Bernard Roman, qui aime couver les nouveaux venus à l'Assemblée et apprécie son «esprit». Matthias Fekl a le débit calme et le mot précis. Pas lyrique, il sait où il va. Social-démocrate, il prône une forme «d'humilité» en politique : «Il faut savoir que c'est fragile.» En même temps, persuadé que les institutions sont «à bout de souffle», il assume de dévorantes ambitions pour les moderniser. Il a un look IIIe République, mais sous cette carrosserie, rugit un désir de VIe.