Une gauche de plus en plus fragmentée et décomplexée. Où chaque composante est devenue un clan qui se radicalise et muscle son identité. Où socialistes classiques et sociaux-libéraux se livrent à une concurrence sans merci. Le paradoxe est là, et il est cruel pour François Hollande à la mi-temps de son quinquennat : la gauche se cherche et cherche une sortie de crise, alors même qu’elle est au pouvoir.
Tandis qu'à son sommet ses dirigeants se déchirent, Benoît Hamon estimant la semaine dernière que la politique économique du gouvernement «menace la République», Martine Aubry réclamant une «réorientation» et Manuel Valls les renvoyant à une gauche «passéiste», Libération a sondé la gauche d'en bas, celle des sympathisants. Un échantillon représentatif de 948 personnes qui se disent «très à gauche», «à gauche» et «plutôt à gauche» ont répondu à des questions de fond. Des regroupements ont été opérés par l'institut Viavoice à partir de la teneur de leurs réponses - et non pas, comme dans les autres études, selon les critères d'âge, de sexe ou de CSP. Une cartographie a ainsi été établie. Ce travail, unique, sur l'identité de gauche, réalisé régulièrement depuis 1999, donne à voir un certain nombre d'évolutions (lire page 4). Lors de la dernière enquête, effectuée en 2011, soit un an avant la présidentielle, était apparue une convergence des familles de la gauche autour de valeurs communes forte