Comment comprendre la vigueur des tensions entre les dirigeants de gauche ? Certes, les rivalités personnelles ne sont pas à négliger, ni l’absence de résultats de la gauche au pouvoir ni la renaissance des ambitions à mi-mandat en vue de la présidentielle de 2017. Plus profondément, ces tensions visibles au sommet constituent l’expression des mutations souterraines des identités de gauche au cœur même de la société française et non plus chez les élites, et dans la durée.
Les études menées par les équipes de Viavoice pour Libération depuis une quinzaine d'années offrent un observatoire privilégié de ces mutations. Elles respectent un protocole identique, interrogeant un échantillon minimal de 800 personnes se déclarant «de gauche», extrait lui-même d'un échantillon représentatif de la population française. Sur la base des réponses recueillies est établie statistiquement une typologie, c'est-à-dire une cartographie des quatre ou cinq groupes de gauche ayant les valeurs et les attentes les plus homogènes.
Ces analyses révèlent que la gauche, qui est toujours une diversité, est travaillée dans la durée par des mouvements internes d’affirmation ou, à l’inverse, d’atténuation de chacune de ses identités. Ces phénomènes sont essentiels, car ils attisent les clivages ou, au contraire, les estompent. Et contribuent fortement aux échecs ou aux succès électoraux de la gauche au plan national.
Revendications. Depuis le début des anné