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Interview

«Les sympathisants se composent un menu de convictions à la carte»

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L’historien Vincent Duclert revient sur les aspirations actuelles du peuple de gauche.
publié le 26 octobre 2014 à 19h36

Vincent Duclert est historien et enseignant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Auteur de différents travaux sur Jaurès, il a publié un essai décapant : la Gauche devant l'histoire (Seuil).

Dans cette nouvelle cartographie de la gauche, qu’est-ce qui vous surprend ?

La fragmentation accrue de la sphère de gauche est clairement démontrée. Les distinctions traditionnelles, par exemple entre la première gauche marxisante, la deuxième gauche libérale et la troisième gauche écologiste, sont rebattues. Les clivages passent au sein de ces familles et font émerger de multiples chapelles où les sympathisants se composent un menu de convictions à la carte. Il y a cependant des valeurs communes qui font que ces gauches sont toujours à gauche. D’abord l’attachement à des valeurs, précisément, à la dimension intellectuelle de la politique, aux idées. Ensuite, le maintien d’espérances sociales fortes, que la crise contrecarre mais dont elle révèle aussi l’acuité. Le rejet des inégalités, l’affirmation de la justice sociale dominent dans ce sondage. Ces gauches se retrouvent sur des formes de solidarité internationale et d’altruisme, même si les menaces terroristes mettent des conditions à cet internationalisme (et à l’immigration). Enfin, ces gauches retrouvent leur dichotomie historique en période d’exercice du pouvoir, de surcroît en temps de crise : devant les nécessités d’adaptation des principes de gauche, les sympathisants sont aussi nombreux à accepter la contrainte du réel (35% de proximité avec Hollande-Valls) qu’à la rejeter (36%) s