C'est le paradoxe de toute «figure» socialiste : on est à la fois intouchable parce qu'on incarne un morceau d'histoire de la gauche, mais on peut vite être renvoyé dans les rangs de la «vieille garde» du socialisme français. Celle qui avait sa place au XXe siècle, et pas au XXIe. Martine Aubry, 64 ans, connaît ce piège. «Il n'y a pas […] les archaïques et les modernes», prend-t-elle soin de préciser dans sa contribution aux états généraux du PS. La maire de Lille restera comme la ministre de l'Emploi de Lionel Jospin. Celle à qui on doit la réforme des 35 heures. Un totem de gauche que Manuel Valls proposait de déboulonner dès 2010. Au sein d'une gauche en pleine introspection et dans un contexte de crise économique et sociale lié aux dérives du libéralisme, le poids politique de l'ex-finaliste de la primaire présidentielle peut-il lui permettre de porter une vision plus sexy et fédératrice que l'«autoréalisation individuelle» de Valls (lire ci-contre) ?
«Révolution». Dans cette contribution signée avec plusieurs responsables PS de sa sensibilité, Aubry dessine sa «nouvelle social-démocratie». «La nouvelle social-démocratie reconnaît le marché, mais elle veut un Etat stratège pour l'orienter et le réguler, écrit-elle.