L'historiquement incorrect à l'assaut du politiquement correct. Le 4 octobre, dans l'émission On n'est pas couché, Eric Zemmour, au nom de la lutte contre la doxa dominante, affirmait : «Pétain a sauvé des Juifs français.» Cette déclaration fallacieuse qui a provoqué l'ire des historiens constitue un exemple de manipulation idéologique du passé de plus en plus courante. Dans L'histoire, un combat au présent (éd. Textuel), Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l'université Paris-I, s'interroge sur ces usages et mésusages des faits historiques qui, sous couvert de vulgarisation, font l'apologie d'une France éternelle. Selon l'historien, les droites radicales se saisiraient de l'histoire pour alimenter des thèses nationalistes et xénophobes, d'où la nécessité d'en repenser la place et l'enseignement dans nos sociétés contemporaines. Il prône notamment une histoire «de plein air» qui, en investissant les lieux publics, ferait le lien entre passé et présent.
Vous identifiez aujourd’hui une «guerre culturelle» dans laquelle l’histoire serait instrumentalisée, est-ce un phénomène nouveau ?
Ce n'est pas entièrement nouveau, bien sûr, mais il y a aujourd'hui la convergence de trois offensives venant de la droite conservatrice, dans un contexte de multiples tensions politiques et mémorielles : attaques contre l'enseignement de l'histoire qui oublierait l'histoire «héroïque» de la France ; politique publique d'instrumentalisation de l'histoire nationale, en particulier au temps de Sarkozy (projet de Maison de l'histoire de France, etc.) - toujours réactivable, on le voit - ; offensiv