La démocratie représentative l’est-elle vraiment ? Légalement oui. La décision de construire un barrage dans la vallée du Testet a obéi à toutes les règles procédurales requises et le conseil général est en droit de faire procéder aux travaux. Mais voilà qu’en face de la simple légalité se dresse une légitimité différente, appuyée sur un idéal, la défense de la nature en général et des zones humides en particulier. On ne parle pas ici des manifestants violents qui attaquent la police et dont les méthodes sont indignes d’un pays civilisé. Ces gens veulent imposer leur volonté par la force, à coups de cocktails Molotov et d’intolérance activiste : ils doivent subir les rigueurs de la loi. On désigne plutôt, outre les écologistes pacifiques qui manifestent aux abords du site, les militants déterminés, émules de José Bové, influencés par les nobles exemples d’un Gandhi ou d’un Thoreau, qui peuvent entrer dans l’illégalité mais se refusent à toute violence. Ceux-là posent un problème démocratique redoutable. Ils contestent le bien-fondé de décisions régulières au nom d’impératifs plus élevés, qu’une opinion informée peut approuver. Peut-être justifié dans les années 1990, le projet de Sivens a été entre-temps battu en brèche par l’évolution de l’agriculture et, surtout, par la reconnaissance des dommages causés par le futur barrage à l’environnement naturel et à la biodiversité des zones humides. C’est ainsi qu’une décision légale, prise par des élus respectables, perd peu à peu
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