Peut-on accepter de travailler avec une municipalité passée au Front national pour la bonne cause ? Celle du désenclavement d’une ville, Mantes-la-Ville dans le département des Yvelines, à remettre en mouvement dans la dynamique du Grand Paris. Pour un architecte urbaniste, apporter des réponses à la problématique de territoires périphériques à l’écart des points focaux métropolitains est normalement l’occasion de déployer tout son savoir-faire. Mais, c’est aussi le moyen d’affirmer ses convictions d’intégration, d’ouverture et de mixité au cœur du projet urbain. Dans le cas de Mantes, l’élection d’un nouveau maire affilié au FN m’a conduit, après bien des questionnements, à renoncer et faire machine arrière.
Dans ce type de mission, l’urbaniste agit comme un relais entre habitants, services techniques et élus. Pour nous, cette relation doit revêtir une dimension partenariale où les enjeux définis par l’équipe municipale entrent en résonance avec des arguments urbains, sociaux, architecturaux. Au-delà de nos compétences professionnelles, notre métier revêt à cet égard une indéniable dimension politique. Deux positionnements cohabitent dans notre métier : celui de l’urbaniste étiqueté politiquement et celui du professionnel en situation de saine confrontation avec son commanditaire. A Mantes, une quadrangulaire au second tour a abouti à l’élection d’un inconnu, avec moins d’un tiers des suffrages. Cette situation nécessite d’endosser cette seconde posture, afin de servir les h