C'est sûr, ils sont parfois un brin chelous quand par un jour de chance, l'envie leur prend d'engager la conversation : «Wesh daronne, bien ou bien ? Tranquille ou quoi ?» Ce que nous, pauvre yeuve (oui, vieille) que nous sommes, traduisons en «Bonjour mère, comment vas-tu ?» avant de questionner l'ado : «Fils, as-tu faim ?» Question à laquelle le garçon réplique avec la promptitude d'un être qui a (toujours) trop trop faim : «Grave, je suis dalleux» (ou «J'ai le dalou»).
A ce stade de l'échange verbal, on parvient encore à suivre, bien qu'écrasant une larmichette sur le défunt maître Capello. Mais subitement l'affaire se corse. «Et sinon, ça va ?» ose-t-on. «Ben, je suis québlo niveau 358 à Candy Crush, et j'ai grave le seum, un truc de ouf !» Pff… Tout ça pour dire que ce gringalet velu qui nous tient le crachoir a la haine parce qu'il ne parvient pas à dépasser le niveau 358 de son jeu, et que ça dépasse l'entendement ? C'est bien ça.
On respire. On implore Molière. Et puis de guerre lasse on se rue sur la dernière bible de Stéphane Ribeiro intitulée Dictionnaire des ados français. Le titre à posséder quand on finit par avoir «l'impression d'héberger un Serbo-Croate à domicile», moque l'auteur. Au compteur 500 mots et expressions prisés par les jeunes (gaffe, Ribeiro nous souffle dans l'oreillette qu'on ne dit plus djeuns) qui vous mettent la grammaire à