Menu
Libération
Interview

José Bové : «Notre démocratie représentative a un train de retard»

Article réservé aux abonnés
L’eurodéputé justifie la désobéissance civique et dénonce la «violence administrative» des décisions de l’Etat, qui frustre les citoyens.
A Notre-Dame-des-Landes, le 11 mai 2013. (Photo Franck Tomps)
publié le 31 octobre 2014 à 19h56

Eurodéputé EE-LV, José Bové, déplore tout autant la violence de certains éléments autonomes radicalisés que celle dont Manuel Valls et son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, ont fait preuve par leur gestion du dossier et leur usage des forces de l'ordre, contribuant à nourrir une «spirale infernale».

Vous prônez et vous pratiquez depuis longtemps la désobéissance civique. Quelle en est la philosophie ?

Le fondement de la désobéissance civique, c’est le fait que des citoyens agissent en tant que citoyens pour s’opposer à une décision d’Etat. La deuxième phase, c’est comment un mouvement politique se réapproprie la désobéissance civique pour lutter contre un autre Etat : c’est tout le combat de Gandhi en Inde, avec le Parti du progrès, contre la Grande-Bretagne. Et ensuite, la désobéissance civique est devenue un mouvement collectif de citoyens portant une légitimité face à une légalité imposée. Tout le débat posé aujourd’hui, c’est comment, dans un système démocratique, les citoyens peuvent prendre part au débat quand des décisions qui les touchent directement sont prises sans qu’ils en soient partie prenante.

On peut opposer à ce raisonnement qu’il existe une démocratie représentative où des projets comme le barrage de Sivens et l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ont recueilli des majorités… Remettez-vous en cause la légitimité de ces élus au profit d’expressions citoyennes hors des cadres institutionnels ?

Les deux sont légitimes, mon capitaine ! Si on reste sur la question des projets que vous évoquez, le mode de décision aujourd'hui est clairement encadré par la déclaration d'utilité publique [DUP] - ce que je dénonce depuis quarante ans. Concrètement, le préfet impose avec la DUP une décision qui ne peut ensuite plus avoir de contestation possible car l'utilité publique serait avérée. Tout ceci est obsolète. A Sivens comme à Notre-Dame-des-Landes