Entre Bernard Cazeneuve et les écolos, ça a commencé le 19 janvier 1999. D'une phrase à la radio : «Cohn-Bendit, c'est le fossoyeur de l'industrie.» En pleine campagne européenne, l'ex-leader de Mai 68, tête de liste des Verts, se rend sur le site de retraitement des déchets nucléaires de La Hague (Manche). Dans la circonscription d'un certain Bernard Cazeneuve, député PS. Le même qui, quinze ans plus tard avec le costume de ministre de l'Intérieur, porte, selon l'eurodéputé écolo José Bové, une «responsabilité» dans la mort du jeune Rémi Fraisse sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn) - après le tir d'une grenade offensive par un gendarme. De la Manche à Beauvau en passant par Bercy et Karachi, Cazeneuve et les écologistes, c'est l'histoire d'une relation ambiguë et passionnée.
Huées. Elle débute donc en ce jour de janvier 1999. En visite sur le site de la Cogema (aujourd'hui Areva), Daniel Cohn-Bendit est accueilli sous les huées et les insultes de salariés. «Un piège, se rappelle Mickaël Marie, conseiller régional Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) et à l'époque jeune militant. Les réactions des socialistes locaux ont ensuite été catastrophiques. Je ne suis pas sûr que Cazeneuve soit très fier de ce qu'il avait dit.» «A ce moment-là, nous sommes tous dans l'irrationalité, répond aujourd'hui le ministre à Libération. Les Verts veulent alors fermer le site dans un bassin d'emploi en dif