C'est une bien étrange compétition dans laquelle sont engagés Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. S'ils visent bien le même objectif – l'Elysée en 2017 –, les deux favoris ne courent ni sur la même distance, ni sur le même terrain. Dans ce drôle de match, chacun s'accuse de ne pas avoir le courage de jouer vraiment le jeu. Sarkozy fait le pari que son écrasante élection, le mois prochain, à la tête de l'UMP, suffira à le rendre incontestable. «Ils ont intérêt à me bloquer sur la bretelle Quand je serais sur l'autoroute, personne ne pourra m'arrêter», fanfaronne-t-il devant ses lieutenants.
L'ancien chef de l'Etat, qui tient ce vendredi soir un meeting à Paris, a choisi le sprint: d'ici au 29 novembre, il espère avoir séduit plus de 80% des quelque 260 000 militants officiellement recensés. Chef du parti, il s'imposera ensuite quasi mécaniquement comme le candidat naturel. N'est-ce pas la règle immuable de sa famille depuis le sacre de Chirac, il y a quarante ans? Les sarkozystes font remarquer que Juppé aurait très bien pu tenter sa chance en briguant, lui aussi, la présidence du parti. «Mais il n'a pas eu le courage de le faire, tant pis pour lui», ajoutent-ils.
«Peur de perdre»
Le maire de Bordeaux, lui, parie que les temps ont changé et que la conquête du pouvoir ne passe plus par la présidence du parti, mais par cette élection primaire qui sélectionne, en 2016, le meilleur candidat de la droite et du centre pour le premier tour de la présidentielle. Juppé s’est donc lancé dan