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Libération
Interview

Gaël Brustier : «La force de la Manif pour tous est de donner une explication du monde»

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La Manif pour tous, le 5 octobre, à Paris. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 13 novembre 2014 à 17h06

Collaborateur du Centre d'étude de la vie politique (Cevipol) à l'Université libre de Bruxelles, le politologue Gaël Brustier vient de publier Le Mai 68 conservateur. Que restera-t-il de la Manif pour tous ? (éditions du Cerf). Il y ausculte les fondements, la stratégie et le projet de ce mouvement de masse qui a mobilisé dans la rue des centaines de milliers de Français contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Et encore 100 000 en octobre à Paris, au nom de la défense de la famille. Une vague réactionnaire, structurée par une France catholique qu'on n'imaginait plus si influente. Selon l'auteur, un véritable combat culturel s'est engagé, sorte de «gramscisme de droite» radical et conservateur, qui a jusqu'ici profité du «délitement idéologique» de la gauche comme de l'«implosion» de la droite. Cette «insurrection spirituelle» réactionnaire ne ferait que commencer.

L’ampleur et l’intensité du mouvement autour de la Manif pour tous (LMPT) ont surpris. Sur quoi s’est-il appuyé ?

Son ampleur a surpris, sa pérennité pourrait surprendre. Parti de la France la plus catholique, ce mouvement est à la fois le produit de rapports de force internes au monde catholique et d’évolutions profondes de la société française. Dans la sphère catho, il y a eu l’impact des pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI, mais aussi la montée en puissance des communautés charismatiques et l’adaptation de l’Eglise aux nouvelles thématiques du temps - notamment l’intégration des dimensions écologistes. Ces thématiques nouvelles, portées par un «peuple de Dieu»