Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique et opinion de l’institut de sondages Harris Interactive.
Quel rapport les Français entretiennent-ils avec la question de l’immigration ?
On est dans un moment d’interrogations autour, pour le dire grossièrement, de l’identité nationale. Cette thématique embrasse plusieurs sujets : les services publics, la manière dont la République peut tenir sa promesse dans un contexte de mondialisation et la question de l’immigration, avec un double prisme.
D’un côté, le partage du gâteau économique et ses conséquences sociales pour les individus bénéficiaires, par exemple, de l’aide médicale d’Etat, et, de l’autre, la capacité à pouvoir maintenir un certain mode de vie puisque l’immigration ciblée est le plus souvent celle d’immigrés musulmans ou supposés l’être. Ce qui est clair dans les enquêtes d’opinion, c’est la demande forte de maîtrise de nos frontières, qui pousse les responsables de droite, notamment, à utiliser le traité de Schengen comme un chiffon rouge.
Il existe des nuances entre les leaders de l’UMP sur la question de l’immigration mais les grilles de lecture de Marine Le Pen ou du Nicolas Sarkozy de 2012 ne se sont-elles pas imposées ?
Dans les études d’opinion, on arrive encore à distinguer un électeur UMP et un électeur FN dans leur rapport à l’immigration. L’intensité des craintes ou de l’urgence à agir reste quand même moins forte à droite qu’à l’extrême droite. Maintenant, il est clair que les sympathisants UMP, et plus encore les adhérents - auxquels Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Mariton s’adressent dans leur campagne pour la présidence du parti -, ont tendance à se radicaliser sur ce sujet. On se souvient des «pains au chocolat» de Jean-François Copé. Reste que dans