Au milieu des efforts intellectuels nombreux fournis pour renouveler notre démocratie moribonde, l'idée du Tirage au sort (TAS) fait son chemin. Dans le champ universitaire, autour de Loïc Blondiaux ou Yves Sintomer par exemple, dans les librairies, avec l'essai à succès de David Van Reybrouck, Contre les élections (Babel, 2014), ou sur la toile, à travers les vidéos virales d'Étienne Chouard et les interventions intempestives de ses affidés notamment par des blogs ou des forums de discussion. Ce mouvement, qui progressait à bas bruits, a été relancé à la faveur du débat récemment ouvert pour une Sixième République et pour une Assemblée constituante : faut-il tirer les constituants au sort ? Le TAS sera-t-il le prochain principe d'attribution des charges publiques, législatives notamment, dans la perspective d'un nouveau régime ?
Si le TAS offre la perspective alléchante d’en finir avec les «politiciens professionnels», bien trop souvent méprisants envers leurs électeurs et serviles envers les grands de ce monde, il ne résiste cependant pas à l’analyse républicaine et relève d’une vision naïve, voire dangereuse, du politique. Elle est naïve, parce que, sans aller jusqu’aux analyses marxienne ou gramscienne de l’idéologie dominante et de l’hégémonie culturelle – par laquelle la classe dominante, tant qu’elle existe, influence spontanément et en profondeur toute conscience individuelle qui n’est pas munie d’un solide antidote théorique – d’innombrables expériences de p