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Libération

Aux Etats-Unis, brisez le off et vous êtes cuit

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Depuis que les journalistes à la Maison Blanche se sont dotés d’une charte il y a cent ans, les relations avec la presse sont très codifiées outre-Atlantique.
publié le 14 novembre 2014 à 20h06

En 1913, après une conférence de presse à la Maison Blanche censée être off the record, un journaliste publie des propos peu diplomatiques sur le Mexique. Le résultat est immédiat : colère du président américain de l'époque, Woodrow Wilson, qui met un terme à ses rencontres avec la presse. Pour le convaincre de revenir sur sa décision, les journalistes rédigent alors une charte dans laquelle ils s'engagent à respecter la règle du off. Signé par Wilson, le document marque l'acte de naissance de l'Association des correspondants de la Maison Blanche.

Un siècle plus tard, les relations entre journalistes et responsables américains sont plus codifiées que jamais. «C'est très structuré, confirme Ivan Couronne, correspondant au Congrès pour l'Agence France-Presse, qui identifie «trois niveaux bien définis» en vigueur à Washington : le on, où la personne qui parle accepte d'être citée et nommée ; le background, où le journaliste peut utiliser une citation mais désigne par exemple sa source comme «un haut responsable de l'administration» ; et le off, qui ne peut pas du tout être utilisé. En principe, le journaliste et sa source se mettent d'accord sur les règles du jeu au début de chaque conversation. «C'est tellement formaté que parfois, des assistants d'élus ou de sénateurs nous envoient des mails pour nous donner directement une citation, ajoute Ivan Couronne. Ils précisent par exemple qu'il faut l'attribuer à un "collaborateur du Sé