Derrière cette étrange affaire Jouyet-Fillon, il y a une très belle histoire de off. Un cas d'école et de conscience pour la profession journalistique dans son ensemble. Le «off» ? Ce sont tous ces propos rapportés, ou mis dans la bouche d'un homme politique qui ne souhaite pas être cité et donc identifié (lire ci-contre). Reprenons notre affaire. Fabrice Lhomme et Gérard Davet, deux journalistes d'investigation du Monde, apprennent (par une mystérieuse source) l'existence d'un déjeuner qui a eu lieu, le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet, l'actuel secrétaire général de l'Elysée, et l'UMP François Fillon. Les deux journalistes veulent se faire confirmer que l'ex-Premier ministre a bien demandé à l'Elysée de faire pression sur la justice pour accélérer les procédures visant Nicolas Sarkozy. Ils prennent rendez-vous avec Jouyet. En confiance, ce dernier raconte par le menu le fameux déjeuner. Et attribue à Fillon l'expression ensuite reprise en boucle par tous les médias : «Tapez vite, tapez vite.»
Langage. Quelques semaines plus tard, cette scène introduit le livre des deux journalistes (1). A sa parution, Fillon dément immédiatement. Et dans la foulée, Jouyet fait de même. Mais deux jours plus tard, les deux journalistes du Monde craquent le off et révèlent qu'ils tiennent leur information de Jean-Pierre Jouyet en personne. On connaît la suite.
Dans ses papiers, analyses ou reportages, le journaliste poli