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Libération

La résurrection des modérés

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publié le 19 novembre 2014 à 17h26

Le retour aussi fracassant que contesté de Nicolas Sarkozy sur la scène politique et la progression impressionnante de Marine Le Pen à la tête de l’extrême droite occultent un autre phénomène : la résurrection des modérés. Il est inévitable que la reconquête de l’UMP, par l’ancien président de la République, et que les 24% de suffrages exprimés obtenus par le Front national aux élections européennes fassent plus de bruit que le cheminement d’Alain Juppé ou que les petits pas des centristes. Les tambours et les clairons du bonapartisme, les ruses et les pièges de l’extrême droite fascinent et inquiètent. A côté de ces cuivres wagnériens, le contrepoint des modérés est condamné à la discrétion. Pourtant, la résurgence du centre et de la droite modérée constitue elle aussi une hypothèse et même une alternative.

Depuis des années, on n’entendait guère les modérés. En fait, à partir de 1995, cela fait maintenant près de vingt ans, ils ont été réduits à la portion congrue et à l’effacement. Ce n’est pas que les deux mandats de Jacques Chirac aient été dans le fond si éloignés des modérés mais le style et le ton de l’ex-maire de Paris, d’ailleurs ennemi historique de l’orléanisme, donnaient le change. Les grandes grèves de 1995, le quinquennat de Lionel Jospin, l’ascension de Nicolas Sarkozy, la grandiloquence de Dominique de Villepin reléguaient les modérés parmi les figurants. Leur traversée du désert n’en finissait pas. L’enlisement apparemment inexorable de la présidence Holland