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Libération
EDITORIAL

Hypercomédien

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publié le 27 novembre 2014 à 20h06

On dit souvent que les hommes politiques n’ont pas d’imagination, qu’ils répètent sans cesse des formules toutes faites, qu’ils ne débitent que des discours convenus. Voilà un danger dont nous préserve Nicolas Sarkozy. Quelle inventivité, quelle créativité, quelle profusion dans l’alignement des bobards ! En 20 discours, 17 contre-vérités manifestes, réitérées de tribune en tribune, applaudies à tout rompre par un public chauffé à blanc. La droite décomplexée n’a décidément aucun complexe… avec la vérité. Qui écrit ces discours ? Un Buisson sous ecstasy ? Un Guaino qui a fumé la moquette ? Non. Il semble que Nicolas Sarkozy soit bien, cette fois, son propre nègre. Soyons justes, cette énergie sans faille est sa principale qualité, on l’a vu pendant la crise financière, pour le bien du pays. Le Sarkozy de 2008-2009 a rendu de grands services à la lutte mondiale contre le pandémonium financier. Mais cette énergie est tout entière reconvertie dans l’improvisation hasardeuse. L’hyperprésident est devenu l’hypercomédien, le Gad Elmaleh des meetings UMP, le Jamel de la droite dure. Le tout au service d’une synthèse qui transcende par la tartarinade les différences entre Front national et UMP. Nous entrons peut-être dans une nouvelle ère de la politique française, où une droite qui tire vers le brun se met un nez rouge pour enflammer ses partisans. La politique-spectacle franchit un nouveau cap, comico-droitier. L’ennui, c’est que ces temps derniers, les clowns ont tendance à faire